A l’heure où beaucoup vont nous faire l’honneur de venir
découvrir le nouveau millésime 2011, je voudrai vous donner mon sentiment
personnel issu de mon vécu sur le terroir de Laroze en 2011:
C’est une année pas comme les autres pour différentes
raisons :
Elle a été marquée par la sécheresse
Ce millésime a une belle qualité de tannins et une puissance
intermédiaire que je qualifie de mesurée. Parfois à Bordeaux quand un millésime
est moins puissant, c’est parce qu’il a donné des raisins d’une maturité plus
limitée suivie d’une extraction plus douce en cuve pour ne prendre que le
meilleur du raisin. Ce n’est pas le cas cette année, la puissance mesurée s’accompagne
de beaux tannins ; pourquoi ? Voici mon explication qui n’engage que
moi :
La climatologie du 2011 a organisé les choses autrement. La forte sécheresse de
l’année a mis la vigne en condition de maturation précoce. La fameuse
« repousse d’août » a été très peu marquée cette année. C’est la
période de la première quinzaine d’août où la vigne allonge une dernière fois
ses rameaux avant les vendanges. A ce moment-là, elle fabrique des éléments
végétaux qui se répartissent dans la plante, dont des tannins qui migrent vers
les peaux et les pépins de raisins. Ces tanins nécessiteront du temps, de la
chaleur et du soleil pour perdre leur astringence originelle et devenir soyeux
et tendres ce qui induit en général des vendanges plus tardives.
Du fait de la très faible intensité de la repousse
d’août, il n’y a pas eu ce deuxième empilement de tannins, donc la quantité de
tannins est moindre. Ils ont eu largement le temps de mûrir, car ce sont des tanins
du printemps. Les conditions de sécheresse ont mis la vigne en état de
stress plus précoce, c'est-à-dire en état de mûrir les baies plus tôt. La
preuve est que pour la première fois, lors de mes fréquents passages dans les
parcelles avant les vendanges pour évaluer la cinétique de la maturation des
raisins, je trouvais des pépins être mûrs avant les pellicules alors que les
pépins sont les derniers à mûrir. Les pépins avaient déjà ce petit goût d’amande
alors que les peaux étaient encore croquantes.
Du coup les vins seront tendres et mûrs avec une bonne
buvabilité. Ce millésime a beaucoup de charme et peut faire penser au 2001.