Un bel été précédé d’un printemps humide.On retrouve un ordre climatique normal par rapport à 2007. Le départ en végétation sur fond de fraîcheur et d’humidité a été relativement lent, imprimant à cette année un caractère normal en terme de précocité.Chaque année ayant ses excès, 2008 a reçu une abondante pluviométrie en mai et juin, quasiment triple de la normale pour mai.
Ce climat humide sur la floraison a induit de la coulure puis du millerandage, affectant sensiblement le potentiel de récolte.
Juillet fut sec avec trois semaines consécutives sans pluie et vit l’apparition de la chaleur dés la deuxième semaine avec des journées à des températures supérieures à 30°C et des nuits restant fraîches autour de 15°C. Le bon point de ce millésime est que les baies ont grossies en juillet sous une forte luminosité et de la chaleur ce qui nous a donné des peaux épaisses riches en tanins et en anthocianes. Les importantes réserves hydriques des sols ont permis une bonne alimentation en eau des vignes et seules les jeunes vignes montraient des signes de « soif » avant les 15 mm de pluie du 28 juillet qui, malheureusement, sont tombées sous la forme d’un orage violent accompagné de gros grêlons. Des dégâts assez marqués sont apparus de façon irrégulière sur les parcelles avec des pertes de 5 à 30% de la récolte. Les fortes chaleurs de début août ont permis de cicatriser les blessures. Au 6 août les réserves hydriques des sols ont fortement diminuées avec en point de mire à mi-août l’installation d’un stress hydrique favorable à la qualité des raisins. La véraison a commencée le 30 juillet et la mi-véraison se situait vers mi-août pour les merlots.
Les trois premières semaines d’août eurent un déficit de températures avec des nuits fraîches à 11°, de l’humidité résiduelle et de fait les arbres et l'herbe du parc de Laroze sont restés très verts tout l’été. Cela a considérablement ralenti la véraison qui a été très étalée (un mois pour les merlots). Seule la dernière semaine d’août retrouva des chaleurs estivales. La pluviométrie d’août est conforme à sa moyenne saisonnière. Les impacts de grêle sur les baies empêchent celles-ci de vérer, elles seront moins mûres que les autres à la récolte et affecteront la qualité de l'ensemble. Elles restent dures et rondes et passeront dans la première qualité des raisins avec notre système de tri actuel…Ceci nous amène à réaliser fin août un investissement de dernière minute, non prévu, en renouvellant notre trieuse de baies achetée en 2002 pour le modèle plus récent qui permet de faire, en plus du tri mécanique qui sépare les baies rondes des baies éclatées et des baies écrasées, le tri densimétrique des baies rondes et isoler les baies les moins mûres touchées par la grêle. Ce sont 85 000 € supplémentaires dépensés pour la qualité du millésime 2008 qui revient décidément très cher, à un moment ou l'on ne sait rien de la qualité future des vins qui seront produits mais avec le seul souci que derrière une étiquette de Château Laroze, le vin doit être tout simplement délicieux.
Dés le début de septembre le ciel se couvre, les T° ne dépassent pas 26°C et nous effeuillons le deuxième côté des rangs de vigne, celui situé au sud et à l’ouest. On enlève aussi des grappillons qui sont en retard de véraison et ne seront jamais mûrs le jour J.
Cette première quinzaine de sept reçoit une pluviométrie normale et régulière entretenant une humidité permanente et les T° toujours fraîches n’accélèrent pas la véraison. Au 15 sept on se dit qu’il va falloir encore trois semaines pour mûrir les raisins. La pleine lune de mi-septembre nous ramène l’anticyclone avec une élévation des T°vers 25° et du beau temps. Nous en profitons pour chauler les raisins et sécher toutes ces peaux déjà abîmées par la grêle qui se sont réhumidifiées. Il faudrait plus de chaleur pour brûler les acides des raisins et les faire mûrir.
L’anticyclone s’installe durablement et les merlots mûrissent enfin, nous en ramassons quelques uns le jeudi 09 oct puis laissons ce week-end magnifique du 11 et 12 passer qui sera un réel gain qualitatif. C’est lui qui marque le basculement des raisins vers la maturité parfaite. L’état sanitaire tient bon et nous vendangerons tous les merlots et les cabernets du 13 au 20 octobre ; il ne s’agit plus d’attendre mais d’agir avec célérité car les raisins sont prêts.
C’est la récolte de l’été indien avec du beau temps et des T° de 23 degré certains jours.
Mais le dimanche 19 au matin il gelait !
C’est la première année où nous vendangeons sous des couleurs automnales qui apportent un charme fou de nostalgie.
Les cabernets francs sont sucrés comme des bonbons et leurs tanins ont perdu toute astringence, qui l’eut cru à la mi-septembre ?
Cette année difficile se termine sur une note de générosité de la nature comme si elle voulait se faire pardonner quelque chose en nous offrant une arrière saison exceptionnelle.
La trieuse de baies avec densimétrie a réalisé un travail étonnant de précision en écartant toutes les baies en retard de maturité. C’était l’investissement à réaliser cette année ; sur un millésime avec une maturité plus homogène des raisins, elle nous apportera un plus qui nous permettra de franchir un pas qualitatif supplémentaire. Maintenant les raisins fermentent et il est encore tôt pour parler du vin.
Les tanins sont mûrs et comme il faut plus de soleil pour mûrir les tanins que pour synthétiser des sucres, il y a des degrés naturels allant de 12°8 à 13°8.
Le rendement est faible, autour de 30 hl/ha en première qualité.